Les infiltrés chez les fachos
Publié le 28 Avril 2010
Nous avons tous été choqués par les propos des nazillons que nous a montré France 2 hier soir lors de l'émission "Les Infiltrés".
Certains d'entre nous semblent découvrir cette réalité alors que d'autres y ont été confrontés il y a déjà quelques années. Gilles Savary, alors conseiller municipal à Bordeaux, a le premier mené le combat devant le tribunal administratif lorsque Alain Juppé a remis les clefs de l'église Saint-Eloi aux cathos intégristes.
La justice lui a donné raison mais le maire de Bordeaux, pour des raisons obscures, n'a jamais mis en application la décision des juges.
Aujourd'hui, il devra assumer les fruits qui ont poussé dans le terreau qu'il a fertilisé par son manque de vision ou parce qu'il a pensé pouvoir y récolter les voix nécessaires à son élection.
En peu de temps, l'association culturelle est devenue cultuelle, l'église abandonnée a retrouvé les chants, les rites et les apparats d'antan.
Les gens de gauche ont bien protesté, ils ont manifesté, ils ont distribué des tracts et ensuite se sont fatigués, comme cela arrive souvent dans beaucoup de combats. Les gens de gauche baissent souvent les bras quand cela devient difficile ou dangereux. Dans ce cas, moi aussi, je me suis dit que si un élu n'arrivait pas à imposer l'application d'un jugement, que pouvais-je faire, moi et d'autres comme moi ? J'ai aussi baissé les bras.
Comme beaucoup d'autres, je me sens aujourd'hui responsable de ne pas avoir tout fait pour empêcher ces êtres malfaisants qui, au nom de Dieu, sont prêts à tuer, à distiller leur haine de l'autre parce qu'il est différent.
Je suis pourtant de ceux qui pensent que seules les causes perdues d'avance méritent la peine d'être défendues. Dans ce cas, je connaissais bien peu à l'époque du fonctionnement du monde politique pour comprendre que personne n'aurait le courage de mener ce combat jusqu'au bout. Juppé venait de gagner une élection et la presse ne se serait jamais lancée dans une pareille aventure avec l'opposition. Un petit article un peu par obligation mais pas de véritable engagement sur un sujet qui pourrait déplaire au maire.
Même l'archevêque de Bordeaux n'a pas eu le courage de demander publiquement au maire de faire expulser ces squatters indélicats.
Les choses ayant traîné dans le temps, l'arrivée de Benoît XVI et sa décision de faire la paix avec les intégristes a eu comme conséquence de donner l'impression que cette église-là était comme les autres, un lieu de culte et rien d'autre.
L'émission d'hier nous a montré le contraire et je regrette vraiment que Gilles Savary n'ait pas eu le temps de s'exprimer sur le sujet, d'autant plus que les quelques phrases qu'il a prononcées n'ont pas été très claires.
J'espère que l'affaire ne s'arrêtera pas là. Que cette émission soit l'occasion pour Alain Juppé de s'expliquer sur sa décision d'avoir laissé l'église aux intégristes et qu'il demandera cette fois leur expulsion en raison du danger de trouble de l'ordre public.
J'espère aussi que tous les élus de l'opposition municipale (mais aussi des élus de la majorité) vont se saisir de ce dossier qui fait honte aux bordelais et que les autorités religieuses auront enfin le courage de s'exprimer publiquement sur la situation.
Je compte aussi sur les communautés (juive, musulmane et noire) pour mettre la pression sur le maire car personne ne peut accepter les propos tenus par l'abbé ou par les apprentis nazillons.
Bordelaises, bordelais, ayons le courage de combattre ces idées nauséabondes qui s'installent dans notre ville. Ici nous ne sommes pas dans une quelconque ville des régions de l'est. Nous sommes à Bordeaux, ville humaniste, ville où tout un chacun a sa place. Soyons-en fiers et faisons le nécessaire pour réduire à néant ces mouvements fachos et leurs idées.