Le Bronx bordelais
Publié le 7 Mai 2009
C'est du moins l'impression que j'ai eu en participant à une réunion sur la sécurité dans le secteur du bas du cours Victor Hugo organisée par la mairie de Bordeaux et pilotée par les deux maires adjoints Jean-Louis David et Fabien Robert.
Pour l'habitué que je suis de réunions qui parfois ne servent à rien, j'ai remarqué deux styles différents entre ces deux élus. L'un ne parle que de ce qu'il connaît, il est convaincant et semble sérieux dans ses explications, l'autre a réponse à presque tout et on se rend vite compte que cela sonne faux.
J'ai aussi été frappé par la modestie de Jean-Louis David, par son côté pédagogique, par son sens de l'écoute. Je suis sur qu'il a mis dès ce matin en route les services municipaux pour essayer de trouver une solution aux problèmes dont lui ont fait part les riverains. J'irai vérifier et je vous tiendrai au courant.
Dans cette réunion qui a eu lieu dans la cave d'un restaurant du quartier, on y a beaucoup parlé d'insécurité, de toxicomanie et alcool.
Rue Hugla, les riverains trouvent des tournevis, des couteaux, des pistolets. Dans d'autres rues, il y a eu des agressions même en début de soirée.
J'ai eu l'impression que les habitants étaient exaspérés par le comportement d'un groupe d'individus dont plus personne ne veut entendre parler.
Les éducateurs de rue ont déserté la rue depuis longtemps, les services sociaux ont certainement autre chose à faire, les policiers doivent en avoir un peu marre de contrôler toujours les mêmes personnes pour les mêmes faits sans qu'il y ait de suite à leur travail.
Il est vrai que la concentration dans le quartier d'une population pauvre, parfois même très en dessous du seuil de pauvreté, ne facilite pas la tâche.
Il semble que seuls les propriétaires immobiliers tirent profit de la situation et on trouve dans le quartier des prix parfois supérieurs à ceux des quartiers chics.
Une question se pose sur le traitement de ce problème et la prise en charge de cette population qui relève plus de la psychiatrie que de tout autre dispositif. Comment arriver à l'aborder, à la guider vers des structures spécialisées ? Cela sera certainement difficile et long.
Hier, des propos sur les médecins du quartier m'ont un peu choqué. Ils ont été mis en accusation car ils ont prescrit des produits de substitution comme le subutex et ont même été sanctionnés pas la caisse d'assurance maladie, semble-t-il.
Au lieu de les mettre à l'index, je pense qu'il faut comprendre leur situation. Certainement sous la pression de cette population, ils ont une position difficile. La délivrance des produits de substitution est légale et je pense même que cela peut contribuer parfois à limiter les agressions pour vol. En effet, comment se procurer l'argent pour acheter des produits stupéfiants ? La délivrance de ces produits permet d'avoir ces produits sans avoir à commettre des délits.
Je ne dis pas que c'est bien. mais c'est la réalité.
Le cours Victor Hugo va bénéficier dans peu de temps d'une des deux unités de quartier qui vont être mises en places par le ministère de l'intérieur sur la CUB (l'autre s'installera à Lormont). cette unité de police sera chargée uniquement du secteur du cours Victor Hugo. En quelque sorte, une police de quartier très très proche.
Des caméras vont aussi être installées dans ce quartier en complément des autres dispositifs.
Dans quelques mois, si tout va bien, nous pourrons nous promener à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit avec le portefeuille à la main sans aucun risque.
Ce ne sera plus le Bronx mais un petit quartier plein de petites vieilles qui promèneront leur chien.
Merci qui ?