Policiers voleurs de tickets restaurant et autres petits malheurs

Publié le 31 Mars 2009

Vous êtes entre 300 et 400 à me faire l'amitié de venir quotidiennement lire ce blog. Quand je tape un peu plus fort sur les socialistes, vous êtes en général beaucoup plus nombreux. Malheureusement, vous êtes moins nombreux à utiliser le lien romaquitaire (voir sur le côté droit) pour vous tenir au courant de la vie des rroms.

C'est pourquoi aujourd'hui, je veux surtout vous parler de petites choses de la vie des gens. Je devrais dire des "Hommes". Oui, parce que rroms veut dire "Hommes".

Tout d'abord, hier soir vers 21 heures, le feu a pris dans un des bâtiments du squat de Floirac. Un feu assez violent, semble-t-il. Par chance, les rroms sont assez peu nombreux en ce moment. Habituellement il y a environ 80 rroms (et bulgares non rroms) dans ce squat. En ce moment, beaucoup sont partis en Bulgarie pour régulariser leur situation en relation au temps de séjour autorisé sur le territoire français (3 mois). Il y a entre 30 et 40 personnes actuellement dans ce squat.

Ce matin, beaucoup d'entre eux se demandaient où ils allaient dormir ce soir. Je ne m'inquiète pas trop pour cela car ils ont tellement l'habitude des problèmes que, encore une fois, ils trouveront une solution.

Cependant, la situation devient de plus en plus compliquée et je me demande pourquoi, malgré les appels des associations depuis de nombreux mois, les pouvoirs publics mettent si longtemps à se réunir pour réfléchir à cette situation complexe.

Avec des bénévoles de Médecins du Monde, nous avons rencontré hier après-midi les responsables d'une mairie de la banlieue bordelaise. Ils sont bien conscients de la complexité de la situation mais j'ai eu l'impression que, malgré leur bonne volonté, ils ne savent pas comment s'y prendre. De plus, une seule commune ne peut pas mettre en place une politique destinée à cette population. Les actions ne peuvent se faire qu'en collaboration avec d'autres structures (État, Conseil Général, Région, Mairies). Mais pour cela, il faut qu'il y ait la volonté politique. Et plus que les financements, c'est surtout la volonté qui manque.

Heureusement, hier soir il n'y a pas eu de blessés ni de morts.

Ailleurs, à Bayonne exactement, ville qui n'est pas saturée par la mendicité des rroms, la police municipale fait souvent appel à la police nationale pour faire contrôler les rroms qui font la manche et les faire déguerpir.

Depuis le temps que j'interviens dans les squats, j'en ai entendu des histoires de contrôles et autres actes à la limite de la légalité pratiqués par les forces de l'ordre. En 2007, une plainte a même été déposée contre la police. Mais ce qui s'est passé hier, je n'en ai jamais entendu parler.

Vers 15 heures, à la demande de la police municipale de Bayonne, une patrouille de policiers en civil (j'ai en ma possession le numéro d'immatriculation de leur véhicule) a contrôlé des rroms roumains qui distribuaient des papiers aux automobilistes aux feux tricolores. C'est interdit et les amendes varient entre 4 et 135 € selon l'humeur de l'agent qui verbalise. Mais il est très rare que les gens qui distribuent de la publicité soient verbalisés.

Les policiers ont demandé aux rroms de payer 11 € chacun (ils étaient deux). Ayant l'habitude de ce type de contrôles, ils avaient caché l'argent qu'on leur avait donné et n'avaient sur eux que deux tickets restaurants. Les rroms ont été gardés sur place sous contrôle pendant plus d'une heure. Pendant ce temps, les policiers ont fouillé leur sacoche et ont trouvé une carte visa électron et ont demandé le code. Le rrom a refusé. Ensuite ils ont fouillé la mémoire du téléphone portable et ont trouvé un contact avec un prénom français. Le mien. Encore explications.

Malin, le rrom, habitué à ce genre de situation leur a expliqué que j'étais leur contact pour alerter la presse en cas d'abus policiers. "Ah, tu connais déjà ça ?", lui dit le policier.

N'obtenant pas les 22 € réclamés, les policiers sont repartis avec les deux tickets restaurant en disant au rrom qu'ils "allaient téléphoner à la dame pour les récupérer".

Honteux et indigne d'agents de la force publique. Je sais que les commissaires et autres officiers ne cautionnent pas et ne tolèrent pas ce genre de comportements. Malheureusement, il y a encore des fonctionnaires qui ne respectent pas leur uniforme et leur fonction. D'autres, bien au contraire, sont plutôt bienveillants avec les rroms et sensibles à leur situation. Ils discutent avec eux et souvent se demandent ce qu'ils feraient à leur place. Deux comportements bien différents au sein d'une même corporation. 

Je tiens à préciser que j'ai entièrement confiance dans le rrom qui a été contrôlé et qui m'a rapporté les faits. Ce qui n'est pas toujours le cas avec d'autres. Il est d'autant plus regrettable que ce rrom est dans une véritable démarche d'intégration et est dans l'attente d'une carte de séjour ayant réussi à trouver un contrat de travail.

Nous allons alerter la hiérarchie de ces fonctionnaires pour qu'il n'y ait plus de voleurs de tickets restaurant.

J'espère, au moins, que le commerçant où ils les ont utilisés ne leur a pas rendu la monnaie....

Et puis, un peu de lecture. Un article intéressant et souvent des commentaires odieux...

http://www.libebordeaux.fr/libe/2009/03/bidonvilles-sur.html


Rédigé par Mouette Rieuse

Publié dans #Immigration

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