La "consanguinité" du PS est dangereuse

Publié le 27 Février 2009

Un peuple ne peut avoir d'avenir s'il reste cloisonné dans son espace réduit et que les mélanges nécessaires à son évolution ne s'effectuent pas.

Je pense qu'il en est de même pour un parti politique. Pour qu'il se développe, pour qu'il devienne une force capable de faire rêver des hommes et des femmes, capable de construire un avenir meilleur pour les peuples, un parti doit s'ouvrir vers les autres, aller à la rencontre du reste de la société.

Le Parti Socialiste est dans ce domaine handicapé par l'origine professionnelle de ses militants. Dans la grande majorité ce sont des fonctionnaires dont un grand nombre sont issus de l'Education Nationale. Et puis, il y a tous ceux qui travaillent dans les collectivités territoriales (Conseils Régionaux, Conseils Généraux, Communautés Urbaines ou d'Agglomérations et Mairies) dirigées par la gauche.

Je trouve cela très bien mais le risque de "consanguinité" est grand et le PS sera certainement réduit à un club de supporters décalés de la vie de la grande majorité des français.

Beaucoup de secteurs ne sont pas représentés dans ce parti et parfois j'ai même l'impression qu'ils n'y sont pas souhaités.

Sinon, comment expliquer le décalage avec le monde économique et surtout avec les commerçants ou les artisans, les professions libérales, parfois le monde associatif, les réseaux comme les catholiques de gauche, la bourgeoisie dont nous avons si peur mais qui souvent est plus à gauche que ceux que l'on voit dans les manifestations ou même avec les agriculteurs ?

Acceptons de discuter avec tout le monde et surtout d'écouter les autres sans forcément chercher à les convaincre. Rien que les écouter. Quelle force nous pourrions puiser dans chacun de nos interlocuteurs. Les écouter en toute liberté, sans les agresser, tenir compte de leurs idées, leur faire partager notre engagement ou peut-être partager le leur.

Militer n'est pas uniquement notre façon de nous engager. Le militantisme peut être très fort dans de nombreux aspects que nous avons souvent l'habitude d'ignorer.

Lançons des débats de qualité dans les quartiers et nous serons peut-être surpris de l'origine sociale des participants. N'ayons pas peut d'aller à l'encontre de ceux que nous pensons qu'ils ne font pas partie de notre électorat et qui pourtant nous font gagner des batailles réputées difficiles.

Allons vers les catholiques qui ont tant oeuvré pour la construction de l'Europe et dont beaucoup sont aujourd'hui dans la tourmente dans laquelle les a engagés le pape. Il y a parmi ces hommes et ces femmes beaucoup de militants de gauche. Non pas des militants comme nous les imaginons mais des militants à leur façon et qui forment une force de progrès insoupçonnable.

Allons vers les syndicats qui sont proches du monde ouvrier qui nous est si lointain depuis tellement d'années.

Allons vers les retraités issus du monde ouvrir qui ont parfois du mal à boucler leurs fins de mois avec des retraites inférieures au smic. C'est souvent le cas aussi pour les retraités agricoles que nous connaissons si mal.

Allons vers les caissières de supermarché, les femmes de ménage, les ouvrier du bâtiment, les salariés des sociétés de services qui sont souvent exploités et qui comptent sur nous pour améliorer leur condition de vie. Nous les avons déçus par le passé. Il est temps de leur donner de nouveau espoir et de tenir les promesses que nous leur faisons.

Allons vers ces peuples qui ont choisi la France pour y construire leur vie, essayons de les comprendre, de vivre avec eux. Ensemble.

Créons des sections dans les entreprises, des sections par secteur d'activité mais faisons quelque chose d'autre de de nous réunir entre nous et de nous dire que nous sommes les meilleurs du monde.

Il est temps de passer de la théorie aux actes, d'être présent auprès ceux qui souffrent, de passer du temps à écouter au lieu de toujours chercher à convaincre.

Nous deviendrons alors un parti populaire, où chacun se sentira chez lui. Nous devons tous nous investir dans cette tâche. A moins que nous souhaitions continuer à vouloir rester entre nous.

Rédigé par Mouette Rieuse

Publié dans #Parti Socialiste

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N
Bonjour Jérôme,<br /> <br /> Oui je partage ton point de vue, tes constats, ton anaylse. Cependant j'aimerais apporter une légère nuance.<br /> <br /> Je crois que le PS est ouvert à l'ensemble de la population, n'est -il pas vrai que nos politiques vont au devant des citoyens qu'ils soient fonctionnaires ou ouvriers, noirs ou blancs catholiques ou non. Tout politique est dans l'obligation d'avoir cette ouverture d'esprit sinon, il se sectarise et rejoint les extrêmes. <br /> Je crois voir dans nos réunions de section, réunion thématiques..., des personnes venant de mondes et de milieux différents, (mais il est vrai que je n'ai pas les CV et pièces d'identité de chacun), alors pourquoi n'y a t-il pas de place pour eux ? Là est la question !<br /> Ce n'est pas tant que d'aller échanger avec les différents milieux, certes c'est important et nécessaire, mais c'est comment intégrer dans les instances les personnes venant de ces milieux.<br /> Je vais être cruel, nouys n'avons pas encore complétement terminé notre métamorphose. Nicolas Sarkozy, l'a fait de manière aotocratique, militaire et sans débat au sein de son parti.<br /> Il a fait émerger d'autres têtes, je ne parle pas du fond, d'autres personnalités et cela donne une certaine impression de renouveau.<br /> Au PS quoique l'on dise, les éléphants sont toujours là en front ou en coulisse, ces éléphants existent aussi dans les CG, les CR, les communes... et je crois qu'il faudra encore et malheureusement du temps pour les faire bouger.<br /> <br /> Problème, la lassitude finira par gagner les plus impatients et ceux qui donnent de leur temps au PS, c'est dommage.<br /> <br /> Mais je veux croire qu'un sursaut citoyen et populaire ouvrira les yeux à nos politiques socialistes du moment.<br /> Nicolas D
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L
Le PS se discrédite un peu plus de jour en jour par des méthodes qui n'honorent pas ceux qui demandent nos suffrages.<br /> J'ai l'impression qu'ils ne cherchent que des mandats et qu'ils se moquent pas mal des gens qui les ont élus.
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T
On n'a pas choisi nos adhérents. Désolé. Et une fois que un certain claude Allègre a vidé les rangs du PS de ses enseignants, on s'est retrouvé entre ouvriers, d'autant plus facilement que chez moi le nombre de profs diminue plus vite que celui des ouvriers. Alors je te rassure, les cadres sont toujours issus de l'Educ Nat. Maire, Premier Adjoint, Secrétaire de section, secrétaires adjoints : les quatre premières tronches de mon socialistan sont profs en iufm, directeur d'école, proviseur de collège et Conseiller d'Education (donc pas ceux qui ont été les plus exposés entre 97 et 2000). En face de nous, nous avons un gros céréalier, un directeur de grand magasin et un gros assureur. <br /> C'est la situation telle qu'elle est, pas telle que je la souhaiterais : les profs organisent les ouvriers face aux patrons. C'est une carricature ? Oui. La réalité est devenue une carricature.
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L
Comme le dit Quentin, sortons de notre microcosme girondin pour "voir" se qui se passe, ailleurs!!!<br /> il semble que ce soit the same chose.<br /> Quand à dire qu'une section comporte la moitié d'ouvriers, là j'en suis moins sur... Il y a longtemps que le parti issu de la classe ouvrière (Section Française de l'Internationale Ouvrière- SFIO/PS) est la parti de la petite classe moyenne qui veut encore exister.<br /> Non chers camarades , nous ne représentons pas la classe ouvrière . il faut voir pour qui vote la classe ouvrière. Non chers camarades, nos camarades syndicalistes vont voir ailleurs que chez nous. Oui chers camarades, nous représentons un parti d'élus accrochés comme des morpions à leur office ou prébendes (comme des notaires) avec quelques fois des "envies" de revenir à cette classe ouvrière.
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M
Il me semble évident de telles propositions, se dire un parti social pour ne representer que des fonctionnaires ou des enseignants c'est un peu court pour être une force sur laquelle le peuple pourrait s'appuyer. En temps voulu le peuple fera savoir que la politique "Club d'amis" ne répond aux attentes du peuple et choisira de voter autrement voir de ne plus participer à rien et de vous laisser vous glosser entre vous.
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T
Chère Mouette. <br /> <br /> J'ai lu soigneusement la totalité de ton billet avant de poster mon commentaire. Je persiste. Le PS ne doit pas aller voire les "communautés" parce que nous ne sommes pas communautaristes. Nous n'avons pas à aller chercher les catholiques en général pour cette raison.<br /> Au particulier, ceux des catholiques qui "ont tant fait pour l'Europe," ça porte un nom : les Chrétiens-Démocrates. Ceux-là non plus, il n'est pas question d'aller les chercher en tant que force politique parce que c'est ce que nous avons décidé à notre congrès (étant entendu, mais nous ne sommes pas d'accord sur ce point, qu'en tant que groupe religieux, ils n'ont rien à faire dans nos locaux).<br /> Ca n'exclue pas une saine confrontation des idées, un débat dont on peut tirer le meilleur pour renouveler notre ligne. Et nous en avons besoin.<br /> <br /> J'ai bien lu ton texte. Je regrette que tu aie mal lu mon commentaire. Il n'est pas question de refuser à un croyant l'entrée du local. Simplement ce qu'il pense en tant que croyant, n'a rien à faire chez nous parce que au PS, nous séparons la politique et la foi. Ca s'appelle la laïcité.<br /> La politique, c'est la décision qui concerne, qui s'impose à toute la cité. Si on accepte de faire de la religion une politique ou qu'on laisse entrer la religion en politique, on impose des décisions prises au nom d'un dogme, y compris vis-à-vis de gens qui ne partagent pas ces croyances.<br /> <br /> Je sais bien que c'est une gymnastique très difficile. Exemple : quand nous militons avec Amnesty Internationale, ce ne sont pas les catholiques qui nous intéressent, ce sont les défenseurs des Droits Humains. Quand nous militons avec la CIMADE, ce ne sont pas les protestants qui nous intéressent, ce sont les défenseurs des sans-papiers qui nous intéressent. Voilà ce que je voulais dire.<br /> <br /> Enfin je partage l'avis de Quentin : sortez de Bordeaux (même si je comprend que ce soit particulièrement douloureux tant votre ville est belle. <br /> D'après l'INSEE, je suis pauvre. J'ai 30 ans. D'après le fichier Rosam, je suis socialiste depuis 15 ans : un pur produit de la consanguinité du PS à laquelle je dois énormément de choses. Dans ma section, la moitié des camarades sont des ouvriers. Nous n'aimons pas les bourgeois, mais on se soigne. On en a peur et d'expérience, on a bien raison.
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Q
Désolé de dissoner au milieu de tous ces commentaires plutôt élogieux, mais il faut peut être sortir un peu de Bordeaux et observer les militants extramuros (heureusement majoritaires) avant de lister des poncifs sur l'état de notre Parti et de faire siens les reproches de nos pires adversaires.
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L
Pour en rajouter plusieurs couches, je trouve interessante la position (ou plutot la nullité ) de Solférino sur la Guadeloupe.. je dirais qu'ils sont sur la même longueur d'onde que Sarkoko ou plutôt sur l'absence d'action de Sarko.. Lisez le blog de Christiane (http://bordeaux.avance.over-blog.com/) sur son séjour en Guadeloupe .<br /> Autre chose , pas de réaction sur la nomination de Jack.<br /> Et cerise sur l'info, quels vont être les réactions à l'absence d'un élu girondin aux elections européennes (éviction de Savary) .<br /> Je vois un boulevard pour les Bayrou et autres Besancenot
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F
Encore une fois, votre billet tape dans le mille et je pense qu'il met le doigt là où ça fait mal pour les socialistes.<br /> Vu de l'extérieur, le PS semble plus être une machine à élire qu'une machine à s'occuper de ceux qui votent pour ses candidats. <br /> On sent un énorme décalage entre les discours et les actes. Parfois, je me demande si je ne fais pas une erreur de voter socialiste. <br /> J'attends les propositions du Parti de Gauche et je n'exclus pas de voter pour ses candidats lors des prochaines européennes.
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J
jérome bonne analyse,<br /> Le parti socialiste est fermé par le jeux des courants au niveau national et des élus en Gironde.<br /> Le congrés de Reins a proclamé la volonté d'ouverture et de renouvellement, mais il s'est refermé sur une ligne historique peu propice à un changement en profondeur;<br /> Le postulant socialiste doit franchir plusieurs obstacles :<br /> à qui s'adresser pour adhérer<br /> intégrer le langage et les rites des sections<br /> pouvoir accéder à la parole et à l'écoute des autres camarades.<br /> débat trés interressant .
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