Les mails perdus

Publié le 24 Novembre 2009

Cela fait presque six mois que j'ai quitté le parti socialiste et j'ai encore la surprise de recevoir de temps à autre des mails de mes anciens contacts.

Le contenu des e-mails pourrait prêter à sourire mais il est surtout la preuve que le PS ne bouge pas. Des "chantiers" simples mis en route depuis longtemps n'ont toujours pas abouti. Ils avaient pourtant une certaine urgence mais, vu que le feu ravageait la maison, la priorité était certainement ailleurs. 

Je me suis aussi rendu compte que les militants s'essoufflent, par manque de troupes, par manque de conviction mais aussi par manque de chefs crédibles. Quelle armée peut-elle partir au combat sans plan de bataille, sans chef et encore moins sans organisation ?

C'est ce qui arrive au PS. Malheureusement, j'ai l'impression que la gauche, la vraie, celle qui ne veut pas d'alliances avec la droite, est elle aussi mal organisée et peu fournie en troupes militantes. Elle semble aussi en mal d'idées, prête qu'elle est à s'associer avec les socialistes pour le deuxième tour des régionales.

Moi qui envisageait d'adhérer à un de ces partis, j'ai beaucoup de mal à m'engager dans un militantisme stérile, incapable d'aller à la rencontre des gens et de leur expliquer sa politique. Le militantisme ne s'exerce pas uniquement sur un ordinateur, lisant ou commentant les articles des autres.

Ces mails ont aussi été l'occasion de me questionner sur mes convictions, mes engagements et mon positionnement. Sans presque m'en rendre compte, je me suis mis à regarder en arrière et je me suis demandé ce que j'ai fait au PS qui a pu rendre service à quelqu'un, qui a pu améliorer la vie des gens, qui a pu faire avancer la société.

Les débats inutiles dans les sections, les soirées à remplir les clubs de supporters des candidats, les campagnes électorales dans le seul but de faire élire une personne qui rapidement oubliait les promesses faites aux électeurs ou bien à participer au renforcement des courants qui ne profitait qu'à quelques apparatchiks bien installés dans les cabinets des collectivités territoriales.

Bien peu de chose en effet, sauf quelques coups de pouce donnés à des personnes qui en avaient vraiment besoin. Bien peu malheureusement, les copains à qui je demandais de l'aide et qui pouvaient débloquer des situations ne voulant presque jamais intervenir.

Alors ces e-mails ont aussi été l'occasion de me demander si je devais de nouveau militer dans un parti politique. Je dois vous avouer que je n'ai pas encore la réponse mais les doutes sont plus forts, plus intenses, presque capables de faire mal.

Moi qui n'ai jamais voté à droite de ma vie, je me suis demandé si je pouvais le faire un jour. Et je me suis rendu compte que poser la question, c'est déjà y répondre.

Je me suis aussi dit que le militantisme associatif peut être plus riche, plus intense, plus utile et surtout plus honnête que le militantisme politique.

Je me couche souvent tard, fatigué, mais avec le sentiment que ce que j'ai fait dans ma journée a servi à quelque chose. Certes, pas toujours. Mais souvent. Sentiment que je n'éprouvais plus depuis longtemps en politique.

Le militantisme associatif m'a aussi fait approcher des élus de droite, pour lesquels j'éprouvais un sentiment de rejet généralement. Je me suis rendu compte que cette droite que nous avions l'habitude de critiquer si souvent avait elle aussi sa version locale, plus humaine, plus attentive, plus sociale, plus bordelaise.

Je me suis rendu compte que la droite bordelaise n'est pas la droite parisienne, qu'elle a un coeur, contrairement à la gauche bordelaise. Oui, je le dis, la gauche bordelaise n'a pas de coeur, elle est enfermée dans son égoïsme, dans sa misère affective, dans ses petits palais de province et s'est coupée depuis longtemps des gens. Ce n'est pas un hasard si Alain Juppé a été réélu en 2008 dès le premier tour.

Je sais, là, en ce moment précis, vous vous demandez si je ne vais pas adhérer à l'UMP. Je vous rassure, ce n'est pas au programme mais ce qui peut l'être, c'est qu'un jour, aux élections locales je vote à droite. C'est nouveau pour moi et il n'y a pas si longtemps je me serais dit que j'étais un traître si je faisais cela. Aujourd'hui la question ne se pose plus.

J'ai eu, ces derniers mois, des contacts avec des mairies socialistes, Modem et UMP. Chez les socialistes ou chez le Modem je n'ai vu que la volonté de faire partir les étrangers (les rroms) dans la commune voisine. Dans les mairies UMP, le dialogue s'est installé, des mesures ont été prises pour améliorer la vie des gens et un travail de fond a été entrepris.

J'ai toujours entendu dire et dit moi-même que la droite et la gauche ce n'était pas la même chose. C'était vrai. Mais on n'a jamais précisé si la meilleure était la gauche ou la droite.

Tout cela pour vous dire que les e-mails se perdent, comme les votes, comme les âmes, comme les militants. Cela a parfois du bon, lorsqu'ils permettent de se remettre en question, de s'interroger, même si on ne trouve pas toujours la réponse.

Rédigé par Mouette Rieuse

Publié dans #Moments intimes

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B
<br /> Bonjour,<br /> ce que vous ne supportez pas en réalité c'est la notabilisation des élus. Mais la droite avec coeur, moi qui suis d'Illats, village du sud Gironde sous le joug de la droite dure depuis 1977, je ne<br /> l'ai jamais rencontrée. Par contre, les rapports sociaux et politique dignes du Moyen Age, je connais: intimidation, clientèlisme, conseils municipaux qui durent 10 mm, migration<br /> d'électeurs-propriètaires lors des élections, arrogance, mépris de classe, mensonge et j'en passe... Cette situation, sous n'importe quelle forme, doit être combattue.<br /> Alors bon courage. Restez fidèle à vos convictions et continuez à secouer les élus: ils en ont bien besoin!<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Vous avez raison, je ne supporte plus les élus professionnels, complètement insensibles aux problèmes de ceux qui les ont élus.<br /> Après, je ne dis pas qu'à droite tout est bon. Il suffit de voir la politique de Nicolas Sarkozy pour s'en éloigner en courant.<br /> Je vous parlais dans mon billet de la droite locale et de la gauche locale.<br /> Pour ce qui est de méthodes d'un autre âge, je pense que, malheureusement, il y a les mêmes à droite qu'à gauche.<br /> Les cas de vérrouillage, d'intimidation et de coups bas existent un peu partout en France.<br /> D'ailleurs, j'ai toujours dit que pour éviter ces situations, il faudrait qu'il y ait une alternance régulière dans le pouvoir des institutions. Cela éviterait bien des abus...<br /> <br /> <br />